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Objectivo "Karla y Bruno's boda" // Étape 1 : Bordeaux-Barcelone-Madrid... Panama City

Panama City
Panama City

J1 - Blablacelone

Covoiturage jusqu'à Barcelone animé entre un ancien flic devenu prof de hand, sa femme restauratrice devenue agent immobilier et un vieux garçon qui sue du front. Si on évite de parler politique, tout se déroule à merveille.

Droppés près du suppo de Jean Nouvel, Pascal et moi formons un étrange duo, lui et son énorme panse en avant traînant sa minuscule valise mauve, et moi, pas épaisse sous mes deux sacs à dos.

Il ne fait pas froid. Slalom entre touristes et barcelonais dans leurs derniers achats de Noël, j'arrive enfin toute transpirante a Carrer de los remollines. Une grande porte taguée sur une bruyante place en travaux. C'est au second, mais le 1er étage étant considéré comme "principal", je me tape bien 3 étages avec mes sacs.
Le charmant Silvano m'ouvre la porte et me montre ma chambre. Kenji le chat vient faire connaissance, toujours sur le qui vive à chacun de mes mouvements.

Je m'aventure dehors en cette veille de réveillon de Noël. Mauvaise idée. Le centre grouille de monde, une frénésie pourtant plus modérée qu'à bordeaux, émane des boutiques et suffit à me renvoyer dans mes quartiers pour une petite sieste.

Réveillée un peu déboussolée, la bière et les tapas partagés avec Silvano dans un bar du coin me remettent d'aplomb. Nous bavardons allègrement, mon accent latino le fait rire, j'apprends l'espagnol d'Espagne, et découvre le mot "curar" (travailler).
La bière me sonne un peu, le pétard m'enfonce encore plus profond dans le sommeil.

J2 - Transit

6h du mat, devant le Corte Ingles, je monte dans le bus qui m'emmène à l'aéroport. Les contrôles de sécurité, l'attente à l'embarquement, le café trop cher... Habitudes aéroportuaires. Barcelone Madrid aux côtés d'un cubain qui n'en revient pas que je sois prof de salsa. Toujours les mêmes réactions. La prochaine fois je dirai que je suis chirurgien esthétique vétérinaire, je suppose que ça produira le même effet : le doute, et une envie de rire.
Otra vez sécurité, embarquement... Bavard, le commandant de bord interrompt régulièrement les films avec quelques commentaires amusants. Mon voisin est tico, il parle avec cet accent si spécial qui roule les R comme un américain, il n'a plus qu'une connexion avant San José, je l'envie... Mais économiser 500€, paradoxalement, ça se paye!

Après près de 17h entre aéroports et avions, l'atterrissage, enfin. Je récupère mon sac à dos sorti parmi les 1ers sous les yeux jaloux des gens qui empilent leurs énormes valises carrées sur des chariots métalliques, puis je passe l'immigration où les employés portent de ridicules chapeaux de Noël (la dame là-bas porte des bois de cerf... Si si!).
La chaleur m'enveloppe à la sortie et en dépit de l'odeur d'essence répandue par les taxis, je respire avec délice l'humidité ambiante, soulagée d'arriver enfin à Panama City.
Le taxi met du bon son et me laisse sa carte au cas où je veuille sortir danser.

J'ai déjà vu cette ville plusieurs fois. Aujourd'hui ce n'est pas du ciel, mais bien du ras du sol que j'appréhende la hauteur exagérée de ces milliers de gratte-ciels qui s'étendent le long de la côte. L'autoroute passe au dessus de l'océan, évoquant bien l'absurde obsession de l'homme à vouloir plier la nature à ses volontés excentriques. Le canal en dit long a ce sujet. Je crois que je sais pourquoi je n'ai jamais vraiment eu envie de visiter cette ville. C'est TROP.

Trop d'anglophones dans l'auberge Mamallena, je vais devoir faire un effort pour ne pas passer Noël complètement seule.

Finalement je ne me réveillerai pas de ma "petite" sieste de 19h.


J3 - De calle

7h du mat. Dès que je passe la porte du dortoir climatisé, la moiteur vient coller ma nuque. Je déjeune avec Ayo, le quinqua nigérian, on discute. Religion, famille, amitié.

Une douche "vivifiante" (j'ai le choix entre froid ou froid), et je sors pour visiter. Dans les rues désertes où seuls les clochards cuvent au soleil, un fou rire solitaire m'attrape au bout de 40min de marche : je réalise que j'ai laissé ma petite culotte accrochée au robinet de la douche. Je me rassure en me disant que je l'avais lavée.

Les architectes ont rivalisé d'originalité et de démesure pour ces buildings, ici un immeuble d'habitation présente des terrasses en biais, je me demande si les meubles sont tordus et si les habitants marchent droit...
Au long de l'eau un immense parc accueille des coureurs et des familles venus braver la chaleur, l'espace est entièrement aménagé, palmiers le long de la piste cyclable accotée au couloir réservé aux sportifs, étendues de gazon tondu à la perfection agrémenté de buissons, massifs de fleurs, structures récréatives... Achetée à une dame dans son caddie-parasol rempli de glacières, l'eau, versée à grands flots dans mon gosier ressort immédiatement en une infinité de gouttelettes entre mes seins et autres replis de mon corps.
Au mercado de mariscos des chats font la sieste à l'ombre de bittes d'amarrage, indifférents au tournoiement incessant des pélicans. Les bateaux gisent dans la vase, je passe mon chemin sous les piropos les moins agressifs que j'ai connu : "pareces una princesa".

J'arrive bientôt dans le Casco Viejo, partie coloniale de la ville, jolie, d'accord. Sur la place de la cathédrale je m'assois sur un banc à l'ombre d'une treille. Ma voisine boudinée dans sa tenue de footing se dispute avec son fils au téléphone. Les yeux vers le sol jonché de restes de pétards, j'écoute les chants qui s'échappent de la cathédrale, la messe ici est autrement plus rythmée et joyeuse qu'en France.

Au gré de mon intuition je me balade dans le quartier, les murs qui s'effritent, la peinture pastel qui se décolle... Assis sur une caisse en plastique un vieil homme au visage tanné par le soleil m'offre un généreux sourire sous d'éclatants yeux verts rieurs. Sourire contagieux.
"Patrimonio inhumano", deux mots tracés à la peinture : les façades fragiles cachent des habitants fort modestes. Une radio grésillante diffuse une salsa sur laquelle chante une vieille dame aux dents manquantes. Elle me salue de la main et continue à danser sur le trottoir où dorment ses chats, une dizaine.

Je quitte le Casco Viejo. Je me perds un peu dans des rues qui m'inspirent peu. Je marche d'un pas déterminé, changeant de trottoir parfois, et récupère le quartier Calidonia. Je suis en hypoglycémie, je mangerais n'importe quoi! Sauf que tout est fermé car c'est Noël! Tout sauf quelques rares fastfood. J'entre dans un Pio Pio ou je me remplis d'affreuses empanadas huileuses et élastiques pour la modique somme de 2$. Du mauvais carburant qui me permet néanmoins de rentrer jusqu'à l'auberge.

Je me joins au trio Hollando-nicaraguayen, José, Blas et Chantal, pour des jeux de société. J'obtiens mes 20min de rigolade quotidiennes nécessaires à une bonne santé.

Plus tard José et moi nous motivons pour sortir danser, les autres grands wawas se sont dégonflés et sont partis se coucher. Le taxi nous emmène sur causeway, mais tout semble fermé. De cet étrange route sur l'eau j'aperçois une ligne de lumière. Il me faut un moment pour comprendre que ce sont les bateaux, en file, qui attendent leur tour pour passer du Pacifique à l'Atlantique par le canal. Fascinant.
Demi-tour direction calle Uruguay, une boîte de variété locale... Du reggaeton donc. On peut pas dire que les panaméens cassent la piste. J'observe les filles extrêmement sexy, en combos mini-short + décolleté plongeant + plateformes de 12 enstrassées, contraste extrême avec les hommes les plus insipides du monde dissimulant à peine leurs ventres mous sous de vilains t-shirts. Quant aux gangsters en papiers venus chanter par dessus leur propre voix enregistrée, ils sont pathétiquement mauvais et prétentieux.
Nous rions et dansons cependant, et quand nos oreilles ne les supportent vraiment plus nous rentrons.

Le dortoir est frais, empli de ronflement et de grincements de lits superposés, je ramène mon duvet sur moi et sombre.


J4 - Pause

Ma cheville a été largement assez sollicitée hier. Aujourd'hui quelques exercices d'assouplissement et de renforcement musculaire me suffiront. Sac à refaire, je pars ce soir pour le Costa Rica.

Je cherche le soleil, inconfortablement installée sur une chaise longue toute cassée. Bavardage avec José, je partage le repas avec lui et les hollandais, puis joue au rummikub avec les argentines et bouquine seule tandis que mes 3 copains se dirigent vers le cinéma.

Dans le hall de l'auberge ça grouille, deux surfers français râlent, un livreur de pizza attend, l'air inquiet, que quelqu'un vienne le régler, des allemandes bavardent, le réceptionniste change de langue comme de chemise... La musique rock-electro me soûle, l'espace sonore est saturé.

Je profite de l'absence de José pour aller siester dans son lit, j'ai fait mon check out depuis ce matin déjà...

Viens le moment des aurevoirs, j'embrasse les copains, et monte dans le taxi direction Albrook bus terminal. Juste le temps d'avaler un hamburger de chez BK et d'écrire un peu. Le bus démarre après un discours du monsieur qui charge les sacs : il exhibe une hernie inguinale qui bosselle affreusement son gros ventre à force d'efforts.
Je m'emmitoufle dans mon sac de couchage pour préserver ma gorge de l'air conditionné.
Karla, Bruno, je suis en route!!!

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Petit article... Les photos viendront plus tard!
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