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Etape 8-2 > La Bolivie : Potosi

Potosi - Sous la neige

 

!! A mon grand regret pas de photos du J239 au J247... je me suis fait piquer ma carte sd et mon lecteur de cartes dans un cyber par une petite française qui devrait pas tarder à se péter une jambe ...!!! Ce n'est "que du matériel et des images", mais je la maudis bien quand même.

 

J237

Je quitte la blanche Sucre pour Potosi. Paysage pelé, sec minéral. A l'arrivée il fait frais, mais marcher avec le sac à dos me réchauffe. Un jeune médecin m'accompagne jusqu'à un hébergement sordide. Finalement je sue encore un peu dans les rues grises de fin de jour pour trouver une auberge où je partage ma chambre avec Jess, une canadienne. Je ressors me promener et m'arrête sur une place où un jeune aux dents proéminentes fait un one-man show pas terrible  mais plain de bonne volonté. Deux gamins détalent après avoir tiré une chique dans les fesses de la gringa que je suis.

 

J238

Casque, frontale, veste et pantalon gigantesque rentré dans les bottes en plastiques : parés pour la visite des mines. Ou peut-être pas... Au marché des mineurs, feuilles de coca, sodas, clopes, matos et dynamite se côtoient. A l'usine (4 murs de ciment ouverts au vent glacé), on extrait l'argent après de multiples bains de produits chimiques nauséabonds. Les ouvriers font la pause, ons'occupe de la recharge en coca à mâcher. Tout près, des porcs mangent les déchets qui recouvrent le sol. Potosi vue d'en haut, dominée par le Cerro Rico (Sumaj Orcko) dont nous nous rapprochons. A l'entrée de la mine, Olivia et moi nous sentons déplacées, peur du voyeurisme, mais envie  de se confronter à la réalité déplaisante de la mine.

Nous nous engageons finalement dans ce tunnel obscur, pliés en deux, suivant les rails et les tuyaux sifflant l'air comprimé qui alimente les rares machines utilisées pour percer la roche. Pedro, la joue ronde de coca, nous explique que ce boyau d'environ 1m50 de diamètre date du XVIIeme siècle. Ça ressemble à un cauchemar. Nous pataugeons un long moment dans la froide humidité. Dans un recoin se trouve El Tio, cette divinité à tête de diable et au pénis imposant, vénérée par les mineurs qui lui offrent entre autre un alcool à 90º imbuvable, lui demandant fertilité, à la mine comme à la maison. Nous nous posons près de lui tandis que Pedro nous conte le quotidien des mineurs. Plus libres en coopératives, ils bénéficient des minéraux qu'ils découvrent, ce qui signifie que les chanceux ont une vie correcte, et que les malchanceux rentreront en colère pour probablement cogner leur femme qui n'aura pas préparé à manger assez chaud. Sylvia et moi nous demandons comment nous sommes perçues en tant que femmes dans la mine. Autrefois ça portait malheur, maintenant ça divertit les mineurs qui jouent les gros bras. Pas besoin... Travail animal : des tonnes de caillasses dans des chariots qui déraillent poussés et tirés par des mecs en sueur qui s'insultent pour se motiver. Mes larmes inutiles coulent quand un homme de 40ans nous raconte sa vie, les mines à 12ans et sa volonté d'épargner ça à chacun de ses 7 enfants. Je file mon paréo à un jeune de 17ans qui veut que je pose sur la photo avec les copains. Les saloperies qui flottent dans l'air rentrent dans mes poumons, je tousse un peu, il fait pr`s de 35º par endroits. Des galeries partent vers le plafond, de échelles en bois mènent à d'étroits filons.  Au dessus de nos têtes, des morceaux de bois éclatés sont supposés éviter les effondrements. Nous nous précipitons parfois dans un renfoncement pour laisser passer un chariot aui à toute vitesse prend dangereusement les virages, un homme accroché à l'arrière. Cette réalité est un enfer, je reffuse de comprendre le sens d'une telle vie.

La lumière apparaît à nouveau, blanche, éblouissante. Il neige.

Le groupe digère la viste autour d'une soupe chaude, et se disperse dans le froid. Le soir tombant fait vibrer les couleurs de la ville, je déguste un chocolat et profite de ma solitude, mon stylo, mon cerveau.

 

J239

Choquée de voir que de nombreux touristes haussent les épaules, l'air de dire le travail de la mine "c'est comme ça". J'ai envie de les gifler, de les secouer... REVEILLEZ-VOUS BORDEL!! Le soleil dans la rue me calme un peu.

Je visite le couvent des carmélites. Gris est une guide rigolote qui nous raconte la vie des nonnes, cloîtrées du matin au soir, assistant à la messe derrière un paravent, et condamnées à ne plus voir les visages des leurs. 2000 pièces d'or pour la dot, et la gloire d'avoir une fille au couvent. Chevelure et vanité coupées en même temps, les mèches partaient orner les statues de la Vierge. Plus que 10 nonnes aujourd'hui, dans des conditions "laxistes" : elles peuvent embrasser leurs parents...Je file au marché où les têtes de boeuf sanguinolantes pendouillent, et retrouve les canadiennes, appréciant en particulier la compagnie de Geneviève.

Au terminal, le chauffeur reffuse de partir car le bus n'est pas plein. résultat on s'entasse dans un autre bus archi plein pour le coup, gens debout et meubles sur le toit.

Le paysage à la lueur lunaire semble irréel. La courbe des montagnes se découpe sur un ciel bleu foncé où étincellent des milliers d'étoiles, et la grande ourse à l'envers. Les cactus se tordent dans l'ombre et la neige dessine de grands lacs blancs. Un lama que le froid indiffère trône au bord de la route. A travers la buée j'observe ces passagers qui descendent au milieu de nulle part et s'éloignent dans la nuit, paquets sur la tête. Enfin les lumières d'Uyuni, le patio gelé de l'hôtel, et mes vêtements sous les couvertures.

 

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