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Etape 2-7 > Le Guatemala : Rio Dulce, Livingston.

Livingston - 8hJ65 (suite)

Rio Hondo. Au milieu de la cohue des transferts de passagers et des vendeurs ambulants qui vantent leurs produits à tue-tête, assise sur une murette en ciment j'engloutis un pain entier, en attendant le bus qui dans un interminable trajet me menera à Rio Dulce. Il pleut jusque sur mon crâne, seuls les éclairs projettent un peu de lumière sur la route et je dois affronter les foudres d'un papy qui me dit lui avoir pris sa place. Trempée jusqu'aux os, j'arrive enfin par lancha à l'hacienda Tijax, où je m'enferme dans ma chambre sur pilotis. Pas envie de parcourir les 500m qui me séparent d'un casse-croute sous ce déluge, d'autant que la nuit et les arbres m'inspirent autant de peur que l'allée de sapins de chez Tiphaine à 10 ans.

 

J66

Plus de 15h d'averses non-stop... et ce n'est pas terminé. Bouquin et bottes de pluie, je suis armée, et quand je lève les yeux mon activité se résume à assassiner des moustiques et à observer les difficultés d'un cafard pour se remettre à l'endroit. Des anglaises, des cartes et du thé. Le crissement de mon stylo sur le papier est assourdissant, j'ai la tête qui tourne, fatiguée de n'avoir rien fait.

 

J67

Tentative de filer des cours de salsa avortée : trop de pluie, les touristes fuient, dont les espagnols, avec mon parapluie ces... grrrrr. Je fuis aussi. La traversée pour Livingston est éprouvante, sous la pluie battante, nous sommes gelés et au bout de 2h30 j'ai le derrière en compote. Je suis flanquée d'une équipe de bras cassés : entre autres râleurs et bécasses, une canadienne tombe à l'eau avec son sac et s'ouvre le pied (palme!). Elle se baigne un peu maintenant qu'elle y est.

Le ciel apaisé, la beauté se révele, et entre ces murs de verdure, je me sens comme Frodon, dans le Seigneur des Anneaux -mais si, vous savez, la scène de la rivière avec les deux rois statufiés-. Ma petitesse est grande.

Assaillie à la descente du bateau par les rabatteurs, je me laisse flotter jusqu'à la Casa de la Iguana où au Family dinner avec les autres voyageurs, après tant de pain, les broccolis sont merveilleux. Je ne me prête pas à la piccolade générale qui suit, et accompagnée par Alexis je sors à la disco, palapa ouverte sur la mer, mix de ¨Chocolate city¨ Sekondi et de ¨Tel Aviv Spot¨ Cape Coast du Ghana. On n'est pas si loin de l'Afrique, ici on danse ¨Punta¨ - entre coupé décalé et mapouka survitaminé, le reggaeton est une nonne à côté-.

En entrant dans le gymnase converti en boîte de nuit, j'ai des bouffées du carnaval antillais à Bordeaux : que des bombasses ultra-sexy qui bougent leur fessier contre le pubis de leur partenaire dans une simulation de coit à en faire rougir Rihanna, et qui deviennent hystériques chaque fois qu'un nouveau chanteur rasta un peu beau gosse fait son entrée sur scène. Je danse un peu, le problème c'est que le dj enchaîne tellement bien les morceaux que je ne sais pas comment me défaire de mon partenaire sans le vexer.

Couchée trempée dans des draps mouillés. Le grand pied.

 

J68

Pluie, pluie, pluie. Ma sieste dans le hamac est fatale : réveillée par ma voisine de chambre qui crie "au voleur!", je saute à terre et en chaussette dans la boue poursuis ce petit enfoiré. Il lâche un Ipod et un appareil photo en cours de route, mais mon Iphone qui chargeait contre le mur, il ne l'a pas lâché. Et j'ai cessé ma course. Les grands esprits diront que ce n'est que du matériel et que j'ai eu de la chance que le voleur n'ait pas été armé. Ils ont sûrement raison. N'empêche que j'ai les boules. J'essaie de me dire qu'il était temps de voyager plus simplement, mais je vois surtout que je perds la communication facile et gratuite que m'offrait ce petit appareil avec mes proches. Et donc je déprime un peu.

Le soir venu, après les meilleures crevettes à l'ail de la planète (pardon Maman), un tour au commissariat et la découverte qu' Alexis, qui m'accompagne, est toujours armé, nous partons tous les 2, un peu à la recherche d'un endroit pour danser, beaucoup à la recherche de ce Marataya. Tout se sait vite ici, il vend mon télephone pour 3000Q (300euros). Je rencontre un pote à lui à qui je dis que je suis prête à payer pour récupérer mon bien. Mais la trouille de la carcel se lit dans ses yeux.

Un peu de détente avec un super bachatero, et Mister Kenny, le grand rastaman aux yeux clairs et aux ondes apaisantes. Malgré ça le blues frappe à la porte, et je lui ouvre, bêtement.

 

J69

Je négocie avec les gars de la rue. 1000Q à qui me ramène mon téléphone, ça motive. Qu'ils se déchirent comme des vautours. J'attends.

 

J70

Oui je sais, je suis un peu faible. Ma motivation pour les cours de danse a disparu. Je suis négative. Pourtant je devrais être au paradis : Livingston est jolie, riche culturellement, pleine d'énergie de musique et de danse, de palmiers et de fleurs... et même le soleil montre le bout de son nez. Je parcours ses rues de ciment, les crabes s'enfuient sous mes pas, je salue les artisans somnolant derrière leurs stands, j'écoute le Garifuna, les tambours, et contemple la plage abîmée par les déchets depuis la piscine d'un hôtel pour ceux qui ont les moyens.

Ce soir c'est l'élection de Miss Garifuna, nous débarquons à 12 au gymnase, tels une tâche claire dans l'assistance. Percus, danses, costumes et théâtre traditionnels, les petits garçons sont incroyables, des coups de bassin de professionnels au rythme des tambours et de la conche. Comme tout spectacle folklorique qui se respecte, c'est loooonnng.

De mon lit je vois un ange et un bébé dans les arbres, puis viens un diable. Je ferme les yeux avant d'avoir des hallucinations encore plus poussées.

 

J71

Petite visite à l'inefficace police locale qui ne peut arrêter mon voleur sans flagrant délit, bien que cette baltringue soit connue de  tous et malgré les témoins. Marataya, qui nie, "Va a caer", me dit la policière encore en pyjama.

Tour organisé. 45 minutes de pick-up au milieu des champs en friche, des palmiers et du mais à perte de vue. La piste est cahoteuse, on prend des branches dans la figure, et, insoupçonnables, apparaissent les villages mayas Kekchi, répartis selon la religion de leurs habitants. A Tatin, un petit garçon se précipite hors de sa maison et me fait un gros câlin. Je reste muette et accepte avec joie cette démonstration affectueuse et spontanée. Je dit aurevoir au petit Sergio et poursuit le chemin en direction de la Grotte du tigre. Il faut se purifier avec le copal à l'odeur délicieuse avant d'y pénétrer. Après quelques mètres éclairés à la bougie nous arrivons à la chute d'eau dans laquelle est suspendue une échelle accrochée aux rochers par des cordes. 6 mètres plus bas, l'eau noire bouillonne dans un bassin de 10m de profondeur. Je saute. L'eau n'est pas si froide mais elle frappe mes sinus avec violence, et nager dans l'obscurité me désoriente un peu, je retrouve la surface avec soulagement et grimpe difficilement à l'échelle, avec la cascade qui tente de m'arracher mon maillot de bain déjà pas bien grand. Déjeuner dans une famille où le dialogue s'installe avec les enfants par le biais des appareils photos. L'odeur aigre-douce des oranges amères qui pourrissent, le café qui sèche avec les culottes, les dindons à l'unisson, les cochons, les jeunes filles qui lavent le linge et se baignent habillées dans la rivière, les femmes qui vendent leur artisanat... Retour en casse-coxys.

J'apprends de Rusty qu'il y a 5 ans, une police "spéciale" est venue "nettoyer" Livingston. 3 familles tuées, et la chute de la délinquence comme conséquence. Ici au Guatemala, 99% des meurtres restent impunis et seulement 3 viols ont été condamnés jusqu'à présent. Alors il y a l'autre loi. Je négocie encore. J'attends encore. Je suis polluée par cette histoire.

 

J72

Piscine et soleil et l'envie de lâcher mes idées noires. Me préparer pour sortir, me maquiller, ça va mieux. Pour la 1ere fois de ma vie, je fête Thanksgiving avec les anglosaxons de l'hostal, et je participe à un speeddating graveleux. L'état d'alcolisation général m'inspire mépris et dégoût, surtout chez les plus jeunes filles ici présentes : princesses à 17h, bourrées et vulgaires à 19h, à la recherche d'un zizi anonyme à 21h. Sortie à la boîte de la plage. Battle de danse dans la bonne humeur. La nuit blanche est décidée, les tambours et la parade du festival Garifuna arrivent par la mer à l'aube. Je la passe avec Kenny, ce grand bonhomme évaporé. Visite de Livingston by night, livres, coutures, dessins et conversations planantes.

 

J73

Nous marchons le long de la plage, Kenny salue tout le monde de son étrange cri "Ruuuuud" que tout le mode ici connaît, et nous observons le débarquement des danseurs et des musiciens, le défilé commence, il est 7h30 et l'ambiance est déjà en haut, Mini short et robes traditionnelles se confondent dans un mouvement général fort joyeux. Bien fatiguée, je me rends à l'hostal. La sieste m'assassine. Piscine et me voilà en train de dîner avec des australiens un repas préparé par un artisant de la rue. Des coco locos plus tard, et je vais au concert, voir mon ami déguingandé déchaîner la foule. Je passe un bout de temps avec lui avant d'aller en boîte par la plage, mes talons dans la main et les pieds dans l'eau... jusqu'à ce que je m'aperçoive que chaque vagues m'envoie sèches et escargots sur les pieds. Devant mon dégoût mon pote est mort de rire, je le sème pour aller danser. Quand le corps n'en peux plus, Kenny me raccompagne, et ses conversations métaphoriques aussi. J'ai parfois du mal à le suivre, sa vision du monde est... quantique je crois.

 

J74

Paquetear, despedirme, festejar. Poner un punto a mi estancia en Livingston, y en Guatemala.

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A
<br /> Tu papi y nosotros pasamos un rato juntos. Lo siento que hayas "perdido" tu i-pod. Que rara me parece tu vida alli. No sé como viajaré el año proximo en Argentina : seguro poco parecido. No te<br /> dejes invadir por el blues. Siga bailando. Besos, Syl<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Oye! Me alegra saber que viajaras en Argentina el ano que viene! No te preocupes, nunca me pararè de bailar, y cuanto al blues lo boto a patadas! Besooo, Adé<br /> <br /> <br /> <br />