J251
Impression de faire que du caca en ce moment... De voyager de travers. Fatiguée. Dans le bus tout pourri je ferme les yeux. Je les réouvre au bac. Les passagers sur un bateau, le bus sur un radeau dont on se demande comment il flotte. Jolie cathédrale à Copacabana, avec sa coupole ronde et sa mosaïque. Mais pour le moment ce qui m'intéresse c'est manger. Une délicieuse et copieuse truite du Titicaca à la plancha et ça repart. Je déambule entre les stands d'artisanat avant de partager un chocolat avec Timothée, au son de la BO de Pulp Fiction.
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Le bateau du syndicat des marins est presque vide. Je monte sur le toit et tandis que nous prenons le large j'observe avec un sourire moqueur les bateaux des agences, bondés. Je prends le soleil, entrouvrant les mirettes de temps en temps pour voir les couleurs en dégradé sur la roche, blanc, rouge, marron... Nous accostons enfin au nord de l'île du Soleil. Ach, Maelys et moi suivont le troupeau de touristes dans le minuscule musée. Les découvertes de Cousteau sur la cité perdue stimulent le romantisme autour d'une Atlantide andine. La végétation épineuse, les ânes qui se roulent dans le sable blanc... Une petite Grèce. Au bout du chemin inca en parfait état, il faut un peu d'imagination pour voir le puma (titi) dans la roche (caca), pareil pour la tête de Viracocha, par qui tout arriva. Au chinkana il faut payer le guide après une bénédiction à l'eau de source (on s'était collé à un groupe pour bénéficier des explications l'air de rien... Raté). Puis 3h de marche du Nord au Sud, à regarder l'eau qui scintille, les courbes fines de l'île, les moutons qui galopent dans les terrasses en friche... Nous attrapons le bateau de retour juste à temps. Un australien blond comme les blés tente de se faire passer pour un bolivien avec son poncho et son charango, il est marrant quoiqu'un peu trop obsédé par la weed et la bière. Les infos sur la traversée de la frontière sont plutôt alarmantes, j'ai déjà mon ticket pour le bateau à Puno, mais je renonce: pas envie de me faire caillasser à l'arrivée, pas envie de rester coincée là-bas, pas envie d'enquiquiner les manifestants qui ont raison de s'opposer à une mine d'argent canadienne venue rejeter de la *** dans le lac.
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Les bateaux ne sont pas passé. Même la frontière est fermée maintenant. J'ai bien fait de rester au lit. Devant un capuccino dégueulasse je farniente tranquillement en attendant que Cindy me rejoigne.
Dans la fraicheur du soir, trop contentes de nous retrouver, nous nous racontons nos histoires au fond d'un canapé défoncé avec juste ce qu'il faut de martini (oui madame). La musique est bonne, nous poursuivons la soirée en riant comme des tordues. Le Waykys est plein d'hippies argentins séduisants. Nous dansons. Un français m'agace avec ses "j'ai fait" le Mexique etc... Le bar se vide, Cindy finit sa clope, moi ma danse, et nous allons nous coucher, papotant encore 3 plombes avant de dormir.
J254
Bus pour La Paz -again-. Paysages hallucinants des montagnes aux cônes parfaits dominant le bleu du lac. Magique. La campagne rase disparait et nous revoilà dans la ville toussant les pots d'echappement. On nous jette de la glace dessus -technique pour nous faire lâcher nos sacs et nous voler?-, pas question de se faire piéger, on trace. Resto (asticots offerts avec les brocolis- merci!) et shopping pour absorber nos frustrations sentimentales.
J255
5h10, le taxi s'impatiente. Au terminal, des tv diffusent des clips old school épaulettes et fringues fluos qui nous font danser de bon matin. Le thé chaud brûle les doigts gourds tandis que nous quittons La Paz, magnifiée sous sa bulle de brume. Vers 12h, frontière et douane sous les yeux d'un volcan prétentieux et de mouettes à la tête noire. 2h de patience, 2 abruties ont "oublié" de déclarer leur marchandise... Le rigolo trio basque nous divertit avant que les passagers deviennent fous et tapent sur les vitres et le sol en criant "vaaaamos!!!". Nous arrivons en fin d'après-midi à Arica au Chili, esquivons une prostituée qui dit que tous les péruviens sont des voleurs et traçons jusqu'à Tacna en taxi collectif. Enfin le Pérou!