J244
Le jour se lève sur les flaques gelées et les herbes de la pampa. Le train s'approche lentement d'Oruro. Les déchets se multiplient, ici aussi les abords de la ville ressemblent à une décharge. Sans trop savoir pourquoi, je monte dans le bus pour Cochabamba, à quelques centaines de courbes de là. Entre les boutiques de meubles et les stands de salteñas je trouve une cellule de nonne correcte et ressors me renseigner sur les sorties au PN Torotoro... Fort compliqué sans agence et fort cher avec. Qu'est-ce-que je fous là?
J245
Au musée je prends une momie en photo malgré l'interdiction (Malédiction... Serait-elle responsable de la perte de ma carte sd?)... J'erre dans la ville, sur une place des enfants dansent la chacarera argentine pour la journée internationale des musées. Une dizaine de cafés au lait et une conversation avec une nouvelle guerrière nommée Guylaine, et ça y est bus-cama pour la Paz, The Expendables hurlant dans la tv.
J246
6H du mat, je choisis bien le taxi qui m'emmène sur le palier du Cactus, où je partage ma chambre avec un israélien bizarre. Après la sieste matinale et la douche glaciale je m'aventure au dehors. Dans la rue des sorcières, délicieuse odeur de palo santo, fœtus porte-bonheurs de lamas tout secs, figurines de la Pachamama en céramique au milieu de la camomille et des offrandes "prêtes à brûler". Sur Illampu, bullicio stressant des vendeurs, porteurs, chauffeurs de trufis, combis et autres machines klaxonnantes et soufflantes entre lesquelles je me fraye un chemin en direction du cimetière. De là, 1h30 à passer des étals sans fin de El Alto à la campagne où des cholas aux jupes bariolées attendent le prochain transport. A Tiwanaku, vestiges d'une civilisation qui avait des hauts-parleurs... Ingénierie, astronomie, encore des génies. De retour à la modernité des zèbres en peluches nous font traverser la rue, puis Itto nous enseigne l'art des baguettes autour d'un plat japonais.
J247
Promenade avec David jusqu'au mirador "kilikili" d'où nous surplombons la ville. Au loin, l'Illimani et ses 6000m enneigés. Un vieux fait la sieste sur un banc au soleil, chapeau sur la figure. Nous retrouvons Michel pour visiter l'Eglise San Fransisco où les quelques panneaux bien pensants sur "ces pauvres indiens à l'âme perdu" m'irritent. Fin de soirée surréaliste avec Marco R et Clinton au fond d'une pizzeria, entre un vieux couple de hippies, un perse anti-arabe et un prof d'espagnol prétentieux. Rdv demain pour un festival de musique afro-bolivienne dans les Yungas.
J248
La salteña du petit-déj tombe au fond de mon estomac en un douloureux "trop tard". Sur un banc au soleil je lis la bible avec une petite vieille venue m'apporter le message de Jéhovah. Clinton, amusé, me trouve là. Marco R ne vient pas. Sur la "route la plus dangereuse du monde", nous conversons allègrement autour du Ghana, et de la découverte de nos identités respectives. Américain. Française. Je me tais sous la menace vomitoire des trop nombreux virages. A Coroico les gens sont surpris de nous voir embarquer pour Arapata : 45min en bord de falaise, le combi est presque plus large que la route. Un film débile dans le lecteur dvd du pare-soleil nous distrait des à pics et du paysage magnifiquement vert. Encore 20min à pied jusqu'à Dorado Chico, et des regards étonnés devant ces touristes qui vont à une fête 100% trad dans un bled qui doit faire 1/5 de savi-city. Non, non, nous ne sommes pas perdus!
Après les honneurs d'un accueil royal, nous nous asseyons sur les chaises en plastique tandis que les hommes en costumes blancs brodés de mille couleurs commençent à jouer. La Saya!! Les filles entrent en scène -parterre poussiéreux qui fait face à la "salle des fêtes" et donne le dos aux cultures en terrasse encore ensolleillées en cette fin d'après-midi-. Elles portent les jupes blanches, le châle et le chapeau, et montrent leurs jupons brodés chaque fois qu'elles tournent au rythme des tambours et de la cuancha. Lorena donne de la voix et la fête démarre.
Les parents de Juan-Alberto, l'ami qui nous invite, reçoivent l'ayni, tradition quechua où les familles invitées font un présent aux organisateurs, tandis que quelqu'un note qui offre quoi de façon à ce que l'année suivante les moins généreux se rattrappent. Ce faisant, on leur saupoudre de petits papiers blancs sur la tête. Cette année, ils ont tous offert des caisses de bières. Qu'il faut boire maintenant...
Astuce pour ne pas être désobligeante sans pour autant boire comme une outre : un peu pour la pachamama, et la tournée des anciens, ravis de se faire servir... Il ne reste plus qu'à observer cette floppée de soixantenaires complètement ivres danser jusqu'au bout de la nuit. Une ampoule pour parvenir à trouver le goulot, les plus beaux châles et les jupes les plus brillantes qui s'agitent en rythme, la poussière qui s'envolle colle à la sueur.
Je commence à fatiguer après l'énergique mélange de salsa, afro, saya etc partagé avec Clinton et José qui nous a rejoint... Je vais me coucher avec les danseuses qui m'apprennent à rembarrer les piropos les plus habiles et nous nous effondrons pendant que les vieux se finissent à la cumbia électro.
J249
Je suis réveillée par un PROUT monstrueux qui me fait sursauter : à peine le temps de me lever, le gars qui s'est incrusté parmi nous crâche là où je dormais 2sec plus tôt. Les filles lui bottent le cul à l'unisson ; j'apprends plus tard que les gars l'avaient foutu dehors après qu'il ai pissé sur le mur de leur piaule... Resaca quand tu nous tiens... Après la douche fraîche dans le jardin rempli de mandariniers croulants sous le poids des fruits délicieux, nous sommes invités à manger le cochon dans une soupe de maïs et pommes de terre mauves. Nous remercions beaucoup avant de prendre congé, laissant chacun à son mal de crâne.
Le délicieux chocolat "La Ceiba" me fait digérer les 5h de transports de retour jusqu'à chez Marco R et Clinton où José va rester. Bonne rigolade et grands débats avant de retourner m'évanouir au Cactus.
J250
Le soleil. Le maté de coca. Le cerveau en surchauffe.
Je passe l'aprem avec les garçons, et malgré un mal de bide grandissant, je vais donner un cours de guaguanco aux miss de l'afro-bolivien. On s'entasse tous dans un taxi et Daysi dégage un espace où danser tandis que les hommes préparent le dîner. J'ai droit à quelques pas de Saya en échange, soirée culturelle et amicale très agréable - si on fait abstraction de la vieille qui tape au carreau parce qu'"il est 22H quand même" et de ce festival qui prend place au fond de mon ventre-. Estefani et Daysi sont super rigolotes, j'aurais bien passé plus de temps ici, mais il est temps de quitter La Paz.