J56 - 1kg de raisin
La Serena... Jolie, tranquille, no mas.
Dans la rue principale mon petit déjeuner s'accompagne de claquements secs et de cumbia... Sur le trottoir d'en face, devant la pharmacie, un minuscule monsieur joue des coquillages. D'après ce que me dit Francisco il est connu à l'incroyable talent local. Échange de numéros avec cet illustre inconnu à qui je parle, puis je m'en vais vivre un autre épisode salon de beauté... Pourquoi les esthéticiennes se sentent-elles obligées de développer une thèse sur notre pilosité quand le seul truc qui nous intéresse c'est la voir disparaître??
Le salon du livre, une des raisons qui m'a amenée ici, est très décevant. Une dizaine de stands de librairies mettant en avant des bouquins de "autoayuda" dans un espace réduit et moquetté, pas un auteur à la ronde... ça doit être le même organisateur que pour Conforexpo. C'est donc sans bouquin que je vais successivement au jardin japonais et à la plage.
Barres d'immeubles, voisins collés à moi, marchands de toute sorte -un kilo de raisin et le dernier isabelle allende par exemple- criant et envoyant le sable sur mon paréo... C'est pas exactement la station balnéaire de mes rêves. Je reste cependant jusqu'à la chair de poule avant de reprendre le bus bondé qui me ramène au centre. Ce soir je fuis une conversation avec un c*#%** d'américain qui trouve le système des impôts français scandaleux et critique la politique d'immigration suédoise : "il y a des limites à l'immigration, les ressortissants de pays musulmans devraient être interdits"... Bonne nuit!!!...
J57 - Joué, gagné.
Fransisco m'accompagne à la plage. Un vrai petit boulet! Il embarque avec nous son copain Carlos. Me voilà coincée a la plage avec un gars de chaque côté et une famille qui se colle encore! Joué, perdu. Fransisco fait le malin, il va dealer son herbe. Je me retrouve seule avec Carlos. Après une mise au point sur les manœuvres inutiles la conversation devient agréable. Puis je vais faire la connaissance de son papa, trop heureux de me raconter son voyage en France. Ce monsieur élégant m'installe, un Gato negro dans le verre, une pastèque pour piquer. Ils me prêtent des vestes quand j'ai froid et allument un feu pour un mar y tierra (poisson et viande) délicieux. Bientôt la mère et la sœur de Carlos nous rejoignent. Me voilà accueillie dans une famille comme la mienne, qui me mets sur un pied d'estalle, je suis émue. quand on se laisse faite, on découvre le meilleur d'un pays, les gens. A 5 on descend 3 bouteilles de rouge et une bouteille de champagne, on se motive pour sortir, la mère a les yeux qui brillent... "On va danser?". Au casino c'est pisco, et le pololo de la sœur mise 10000$ (15€) et me dit "joue!". Une roulette et 2 machines, je reviens avec 50000$, on partage. Il est 3h quand on sort, les boîtes ferment dans une heure, on rentre se coucher malgré la déception de la madre. "On va pas danser alors?"
J58 - Au pays du Pisco les ivrognes sont tristes
Je paye l'alcool d'hier... Nauséeuse. Pâteuse. Je me rince la bouche avec un café en ville et Carlos me rejoint. Finalement sa sœur et son beau-frère sont KO, nous allons au Valle de l'Elqui tous les deux. Carlos a un problème avec l'alcool, bières et mousseux dans son sac à dos, il boit dans le bus. Ça craint. A travers la vitre je regarde les vignes hautes, disposées en treilles, futur pisco. Une ambiance toute particulière caractérise Pisco Elqui, un mélange de magie (divination, méditation, observation des étoiles et des ovnis), d'épicurisme (restos classes et dégustation de pisco), et de nature (collines, rivières...). C'est dans ce cadre que je découvre un Carlos dépressif, et je suis psy en fait. Je rentre avant la nuit. Il reste, il va penser à sa vie.
A la gare routière de La Serena j'attends le bus de 1h pour Valparaiso, sur un écran, incroyable talent, sur les bancs, des gens qui comme moi luttent contre le sommeil.