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CHILI - Étape 1 : San Pedro de Atacama

CHILI - Étape 1 : San Pedro de Atacama

J49 - Palta

Après de nombreux zigzags dans le même quartier et autant d'indications floues de la part d'enfants malicieux, d'un vieux à vélo et de l'épicier qui fronce les sourcils, je trouve enfin le CayPuri où je loge. Pas pourri. Le lieu est charmant, pierres et cactus, coussins aux motifs andins jeté sur un canapé en fer forgé. La paix sous un soleil sec et brûlant s'apprécie à l'ombre de la tonnelle en bambou.

San Pedro a la couleur de la terre, partout. Poussière, caillou, torchis, au sol, aux murs... Sur la place centrale, de grand arbres, des chiens endormis et dans un coin, l'église blanche, discrète.

Je m'inscris sur plusieurs excursions auprès d'une expatriée brésilienne rayonnante et rentre bientôt faire la connaissance de Cécilia, l'uruguayenne qui partage mon dortoir, tout en me régalant de mon guacamole, con palta chilena bien rica... SPA m'enthousiasme.

J50 - Salééééééé

Autour d'un petit déjeuner copieux la matinée s'étire entre écriture et conversations.

Puis la saveur de la palta écrasée, encore, et je me rends à l'agence touristique. La connexion s'établit entre Ariana et moi, le temps nous est compté alors à toute vitesse nous échangeons en vrac sur la danse, le voyage, le brésil, la famille, la scène... et la voix forte de Guillermo annonce le début de l'excursion.

Ce catalan blond plein de coups de soleil plaisante et partage sa bonne humeur tandis que le van quitte San Pedro. En quelques minutes nous sommes au bord d'un trou d'eau au milieu du désert. La Laguna Cejar est salée à 30%, après un certain temps d'adaptation à la température, j'expérimente la flottaison. Je le sens bouée, bouchon, bâton... Impossible de couler même en faisant un effort! C'est dingue! J'essaie de tendre un membre en dehors de l'eau, presque impossible, je me retourne seulement, je roule!! Je ferme les yeux, mains sur le bas ventre, abdos contractés pour tenir la position horizontale. La sieste sur un matelas gonflable, sans matelas gonflable. Mortel! Le séchage est tout aussi rigolo, mon corps est recouvert de montagnes et de rivières de sel blanc, le moindre mouvement me donne l'impression que je peux me briser en mille morceaux.

Los Ojos del salar, un peu plus loin, sont deux trous ronds remplis d'eau douce. Ça serait idéal pour me rincer, mais contrairement à certains qui sautent allègrement, je reste sur le bord, dans le vent, puis profite du bus déserté pour enfiler un pantalon. Panique quand je sens l'eau salée enfermée en moi descendre d'un seul coup... Non je n'ai pas fait pipi... C'est un peu gênant tout de même. Et puis ça brûle.

La dernière saline est très jolie bien que minuscule en comparaison au Salar d'Uyuni. Nous trinquons au pisco pendant que le soleil se couche dans ce décor minéral étrange. Blancs, beiges, bleus.

De retour, crevée, tout juste douchée, je dois m'armer de courage pour retrouver mes voisins de chambre chiliens dans un resto du centre. Une soupe et un jus de pastèque pour trinquer avec leurs mojitos. Cécilia n'est pas venue, elle a un rencard.

J51 - Croix du Sud

A 4h du mat le ciel est bien dégagé, les étoiles brillent dans le silence. Un van s'arrête devant l'hôtel, je monte aux côtés de Manuel et respecte son mutisme matinal seulement troublé par un cd de musique lounge. Dans l'obscurité nous faisons le tour des hôtels où nous récupérons les autres touristes.

Vers 8h l'aube se lève au pied du Volcan Tatio dans la fumée des geysers. Un peu partout des trous crachotent de l'eau bouillante et soufflent des valeurs blanches. Bruits de monstre en colère. A cause de l'altitude (4200m), les jets ne dépassent pas 2m de haut, mais cela reste impressionnant : quand la terre expulse un crachat brûlant en un sonore gargouillis, on dit oui madame pachamama et on reste sur le sentier.

Aux côtés du geyser nommé à juste titre "El Asesino", on fait trempette dans une piscine chauffée par un autre. Pas très agréable, l'eau est tiédasse et de temps en temps un courant vient nous brûler le dos...

Sur la route un renard regarde les bus de touristes s'amasser, celui-ci doit manger plus de sandwiches au jambon que de mouettes mortes.

En chemin Manuel nous montre la faune, vigognes, lamas, viscachas, et les canards noirs de la rivière La Putana -du nom du volcan qu'un italien énervé ne parvint jamais à escalader jusqu'au sommet-. Les contrastes ici sont frappants, le vert et le bleu de l'eau détonnent dans le dégradé de marron du désert. A mesure que l'altitude diminue, la canadienne atteinte de la puna (mal d'altitude) retrouve des couleurs. Nous ferons un dernier arrêt au village de Machuca (les habitants ne sont pas les machucados ni les machucambos), où des scènes de Quantum of solace ont été tournées, après que l'équipe du film se soit fait voler en Bolivie. Contre de notables progrès pour le village (panneaux solaires et renommée), les locaux ont accepté de faire passer leur territoire pour un bout de Bolivie. Je sympathise avec une vieille qui pose pour les touristes, du moment qu'on lui achète un article en laine d'alpaga. Plus tard Manuel éteint le moteur dans une cote. Le van avance. Nous rentrons à San Pedro sans parvenir a élucider ce mystère.

Siesta.

Malgré quelques vilains nuages, le tour astronomique m'est confirmé, et c'est toute excitée que je monte dans le bus à 23h. On s'éloigne de la ville, et au bout d'une allée le bus éteint ses feux. C'est comme si on avait allumé le ciel. Sous une lanterne rouge notre guide nous attend, vêtue d'un manteau blanc qui nous permet de la suivre dans l'obscurité. Armée d'un laser elle nous fait un cours basique de lecture du ciel à l'œil nu. Pas de grande ni de petite ourse ici, en revanche la fameuse croix du sud indique... Le sud. J'apprends à situer Orion, sa ceinture, son épée, son bouclier, son chien et son collier, Syrius. Les pléiades. Le bélier, le taureau, les gémeaux qui s'embrassent, le cancer, le lion caché par les nuages à l'horizon. Jupiter.

Dans les télescopes puissants je vois ses anneaux, des étoiles rouges, bleues, jaunes, une galaxie comme un disque blanc. Se situer dans l'espace et dans le temps donne le tournis, même en parlant en AL. Nous sommes des parasites. Des parasites chanceux, tout juste à la bonne distance du soleil pour VIVRE. Des voisins comme nous? Certainement. A des MILLIERS (ou millions?) d'années lumières. La guide nous laisse entre les mains d'Alain Maury, qui nous parle de la formation des étoiles. L'astronome français est passionnant et passionné, quelques réminiscences des cours de physique aident à la compréhension. Le chocolat chaud accompagne ses commentaires, j'y passerais bien la nuit, mais il est déjà 1h30 du mat et quelqu'un ronfle dans l'assistance. Je m'endors littéralement avec la tête dans les étoiles.

J52 - Inhospitalité

De retour de ma balade au musée Le Paige où je complète mes connaissances en matière d'hallucinogènes (les atacameños natifs snifaient des poudres pour se connecter à l'autre monde, il semblerait que l'église catholique ait tenté de bannir ces pratiques... Étonnant!), le guide me reconnaît dans le groupe de touristes qui embarquent pour le Valle de La Luna. "Madémoisselle Vouchet". Le groupe est particulierement sympa aujourd'hui et les sentiers hors norme que Guillermo nous fait prendre ont tout pour plaire au jeune brésilien de 12ans, et à moi-même. Sur la crête de la colline, obligés de s'agripper avec les deux mains en de nombreux endroits, laissant les plus essoufflés en arrière, Joao et moi profitons les premiers des meilleures vues sur la vallée. Sécheresse, sel, vent, immensité, plus inhospitalier c'est Mars. Nous nous émerveillons de tant de beauté, des minéraux qui brillent au soleil, de la dureté de cette roche qui pourtant ressemble à de la boue séchée prête à s'effriter (avec des millions d'années elle a fait ses preuves de solidité). Nous rampons dans des dédales creusés par l'eau il y a fort longtemps, grimpons, escaladons, au grand désespoir de la mae brésilienne. Prêts d'un mur nous écoutons le sel craquer, comme les céréales dans le lait, puis d'avoir trop joué nous courrons après le coucher du soleil sur la pierre du coyote. Trop de monde ici. J'apprécie néanmoins la descente de notre astre sur la Valle de la Muerte, colorant de rose le paysage et les gens.

J53 - Quieta

Ce qui est agréable avec Karina ma voisine polonaise, c'est qu'on peut discuter de longs moments, et d'un seul coup se taire, regarder passer les gens, écouter la ville, sans angoisser du vide de la conversation. C'est donc ensemble que nous faisons rien à la terrasse d'un café.

Papier, stylo.

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J'ai adoré le pantalon/string, absolument fabuleux et incroyable. Prends soin de toi, je t'embrasse..
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